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Association de Défense et d'Etudes des Personnes Amputées
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22 avril 2005

"Perdre un bras est plus un inconvénient qu'une catastrophe"

Le Prix Nobel de Physique a surmonté la perte de son bras et est retourné dans son Laboratoireeric_cornell

          Éric Cornell a connu les deux extrêmes de la vie. Il a reçu le Prix Nobel de Physique en 2001, et en octobre dernier il a perdu son bras et son épaule gauche -et de peu a failli perdre  la  vie-, tout cela à cause d'une infection par une bactérie "mangeuse de viande". Il a, cependant, surmonté l'épreuve et a annoncé la semaine dernière, avec bonne humeur, son retour à la carrière scientifique. "Perdre un bras est plus un inconvénient qu'une catastrophe" a indiqué Cornell  lors d' une conférence de presse organisée le 12 avril,  par l'Université du Colorado à Boulder. "Je devrais souligner qu'avant j'étais droitier". Cornell sera équipé d'un bras prothétique, et il espère que cela lui permettra de jouer au polo. "Les paris seront pris, et alors je mettrai mon bras" a-t- il plaisanté. Les médecins disent que Cornell a de la chance d' être encore vivant après avoir contracté une fasciite nécrosante, une infection à streptocoque rare et très sévère. Bien qu'il ne se souvienne pas de s'être blessé, la bactérie est probablement entrée par une éraflure ou une petite coupure. Le 24 octobre 2004, il a ressenti les premiers symptômes de la grippe. Le lendemain, il ressentait une douleur de l' épaule gauche qui a rapidement empiré, et dans les trois jours qui ont suivi, il est arrivé aux urgences. Les médecins ont du l'amputer du bras et de l' épaule gauche et ont pratiqué des greffes de peau au niveau du torse. Il est resté dans un coma thérapeutique jusqu'à la fin du mois de novembre, puis est rentré chez lui à la mi-décembre. Continuant toujours la physiothérapie pour ses greffes de peau, Cornell ressent des sensations fantômes au niveau de son bras absent et a vraiment l'impression qu'il est derrière lui ! Il prend des médicaments pour ces  douleurs fantômes, c'est un problème assez courant chez les amputés.

Cornell  a repris le travail à temps partiel au Laboratoire du JILA, un Institut dirigé conjointement par l'Université du Colorado et le National Institute of Standards and Technology, où son collègue Carl Weiman et lui ont créé une nouvelle forme de matière appelée "condensat de Bose-Einstein".  Pour ses travaux, le duo a reçu le prix  Nobel de Physique en 2001, qu'ils ont partagé avec le chercheur Wolfgang Ketterle du Massachusetts Institute of Technology. "Avant que je ne tombe malade, je pensais que j'avais un des plus beaux métiers au monde" a dit Cornell. Prévoyant son retour, il a équipé son ordinateur d'un logiciel de reconnaissance vocale au lieu de devoir taper au clavier, et il n'utilisera pas les instruments ou les lasers. Mais il continuera à superviser les étudiants, ce qui lui occupait la majeure partie de son temps avant sa maladie de toute façon. "Il faut dire qu'il s' est passé peu de temps depuis la dernière fois que j'ai effectué des réglages fins sur un laser" dit- il. "Je donne des conseils utiles à mes étudiants habituellement et je suis plus motivé que jamais". Ses conseils ont beaucoup manqué à l'équipe du Laboratoire pendant son absence, dit Aaron Leanhardt, un postdoc qui est arrivé au laboratoire de Cornell la semaine suivant son admission à l'hôpital. "Ce sera sûrement très agréable d'aller le voir dans son bureau et d'avoir une discussion à bâtons rompus avec lui" ajoute Leanhardt.

Cornell se lance maintenant dans plusieurs études sur les "condensats de Bose-Einstein", ainsi que sur des recherches sur une propriété élusive de l'électron connue sous le nom de "moment permanent du dipöle". Les physiciens pensent habituellement aux électrons en tant que sphères minuscules et chargées négativement, mais la charge pourrait ne pas être répartie de fâçon symétrique au niveau des particules. "C'est ce qui rapproche les électrons des êtres vivants", a dit Cornell aux journalistes : "Aucun d'entre nous n'est vraiment symétrique". Son épouse, Celeste Landry, ne pourrait pas résister à ajouter comme chute finale : "Si c'est toi que le dis !"

Article paru dans le numéro du 21 avril de la revue britannique "Nature".

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